La vie et l’oeuvre
d’Annette Faive-Fontanarosa

Née à Paris en 1911, Annette Faive passe son enfance et son adolescence rue Lamarck dans le XVIIIe arrondissement avec son frère André (de deux ans son aîné). Dès sa petite enfance, Annette évolue dans un milieu artistique puisque ses parents sont artistes amateurs : Victor Faive (négociant en vins) est un comédien passionné et son épouse Juliette, née Nissen, est violoniste et possède une remarquable voix de contralto.

L’éducation d’Annette contribue à développer ses dons multiples : elle remporte des médailles aussi bien dans le domaine de la compétition sportive que dans le domaine artistique (piano, chant, théâtre) tout en poursuivant une brillante scolarité au collège Edgar Quinet.

Elle se destine aux arts plastiques et après quatre ans d’études au collège technique des Arts Appliqués – rue Duperré à Paris – obtient son diplôme en 1932. La même année, elle entre à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts dans l’atelier de Lucien Simon. C’est dans cet atelier qu’elle rencontre Lucien Fontanarosa, qui deviendra le compagnon de toute sa vie.

Durant ces quatre années à l’Ecole nationale des beaux-arts, elle obtient plusieurs récompenses : le prix des trois Arts en 1933 le prix Lefranc en 1934 et 1935 ; le prix Marie Charles en 1935. Tout en poursuivant cet enseignement et cette formation, elle obtient en 1934 le professorat de dessin des lycées et collèges. En 1935, Lucien Fontanarosa bénéficie d’une bourse de voyage pour le Maroc ; Annette l’accompagne et ramène plusieurs œuvres de ce séjour. En 1936, elle devient sociétaire de la Société nationale des beaux-arts après avoir exposé dans le cadre de ce salon en 1934 et 1935, comme également au Salon d’automne.

Toujours en 1936, le Grand Prix de Rome est décerné à Lucien Fontanarosa. C’est ainsi qu’Annette Faive et Lucien Fontanarosa se marient à Rome le 13 mai 1939, après un séjour de deux ans à la Villa Médicis. Séjour heureux et fécond, fait de la rencontre de musiciens, d’architectes, de sculpteurs, de peintres et de graveurs qui deviendront leurs amis, et de la découverte d’un pays aux sources d’inspiration inépuisables.

A leur retour à Paris en 1939, ils s’installent près des Buttes-Chaumont dans un atelier situé rue Compans . Cette même année, Annette collabore à la commande faite à Lucien pour la décoration de l’une des portes du pavillon de la France à l’Exposition de l’eau à Liège (36 mètres carrés).

Elle expose à nouveau à la Société nationale des beaux-arts et en 1942 l’Etat fait l’acquisition d’une nature morte.

En 1942, 1944 et 1946 elle donne successivement naissance à trois enfants : Patrice, Frédérique et Renaud. Elle maintient dans son foyer un équilibre subtil qui permet à Lucien de réaliser son œuvre silencieuse aux côtés de trois enfants musiciens. Son enthousiasme et sa tendresse vont accompagner les efforts de chacun sans relâche. Les questions sur l’art se mêlent à la vie quotidiennement ; Annette et Lucien s’interrogent et travaillent avec ferveur.

Durant cette période de sa vie, son activité artistique se développe dans de nombreux domaines : gouache, aquarelle, sculpture… Elle réalise le buste de Danielle Casanova en 1950 que l’on peut toujours voir au cimetière de Piana en Corse et également des bustes d’enfants.

Elle crée des foulards en soie qu’elle signe du nom de sa mère, Nissen, signature qu’elle a également utilisée pour des huiles pendant les années 40.

En 1957, 1960 et 1962, elle enseigne à l’Ecole des arts appliqués Duperré à Paris ; en 1960 et 1964, elle est membre du conseil de perfectionnement au Collège technique d’art appliqué à Paris.

A partir de 1961, et jusqu’en 1971, elle est professeur de dessin documentaire à l’Union centrale des arts décoratifs – rue Beethoven, à Paris.

En 1964, la famille Fontanarosa emménage au 32, cité des Fleurs dans le XVIIe arrondissement. Patrice, Renaud et Frédérique, désormais musiciens professionnels, deviennent autonomes ; le rythme de son foyer s’apaise et, en 1967 Annette reprend de façon soutenue son activité d’artiste peintre.

Elle expose dans plusieurs salons : Creil (Oise) en 1971, Mantes en 1973, Fontainebleau en 1975.

En 1973, il lui est fait commande du portrait de Michel Cépède, alors président de la Food and Agriculture Organization of the United Nations ; ce portrait (95 x 75 cm) est depuis exposé dans la salle du conseil de l’organisation à Rome.

En 1975, la ville de Mantes lui achète une œuvre. En février de cette même année, la ville de Vars, dans les Hautes-Alpes, lui consacre une exposition particulière.

Deux mois plus tard, le 27 avril 1975, Lucien Fontanarosa disparaît.

Avec ses enfants, elle entreprend de réunir tout ce qui concerne l’œuvre de son mari ; que cette œuvre puisse diffuser sa force d’éloquence, son message d’espoir et d’intégrité, être présente dans l’époque , constituent pour elle un acte fondamental.

De nombreux amis contribuent à l’élaboration et à l’édition d’un ouvrage représentant un premier bilan de l’œuvre de Lucien Fontanarosa en 1975.

La vie d’Annette devient plus silencieuse ; ses petits enfants viennent rompre ce recueillement chaque mercredi et vivent avec elle les mille et une fantaisies de l’affection partagée.

Avec des amis peintres, elle organise dans son atelier des séances de modèle vivant : des clowns, des personnages divers, des nus alimentent sa production.

Ses voyages (en Russie, dans les Alpes, en Suisse, en Egypte, à Venise…) l’inspirent et aboutissent à des paysages, des scènes de la vie quotidienne ou des compositions. La Provence, où elle possède un mas depuis 1958, tient une place prépondérante dans son œuvre.

A partir de 1976, et jusqu’en 1982, elle expose ses œuvres chaque été durant deux mois à  » La Bergerie  » chez son amie Raymonde Dumas au Castellet, dans le Var. A partir de 1977, elle participe à plusieurs expositions de groupe et salons : Chaville, Sophia-Antipolis, Asnières, Chatou, Courbevoie, Maisons-Lafitte en 1977 ; Cormeilles-en-Parisis en 1978 ; Clichy en 1979 ; St-Jean-Cap-Ferrat en 1982 ; Fontainebleau en septembre 1983 ; à la galerie Hélof à Paris et à la Galerie Marie Cauvin à Billom – Puy de dôme en 1985 ; à la mairie du Ier arrondissement de Paris en octobre 1986.

En 1978, elle obtient une médaille d’argent au Salon des artistes français où elle expose jusqu’en 1984, de même qu’au Salon du dessin et de la peinture à l’eau. En 1980, elle reçoit le prix Raymond Rivoire de la Fondation Taylor au Salon des artistes français.

Chaque année en décembre de 1977 à 1987, elle expose ses œuvres Cité des Fleurs à Paris où elle accueille une clientèle d’amateurs fidèles.

Parallèlement, plusieurs expositions particulières lui sont consacrées : en 1977 galerie Mars à Paris ; en 1978 et 1981 galerie Hélof à Paris ; en 1986 au théâtre Tête d’or à Lyon.

De 1983 à 1988, elle expose chaque été durant deux mois à la  » Corsoise  » à la Cadière d’Azur, dans le Var.

Entre 1976 et 1987, on peut dénombrer neuf cent oeuvres originales de sa production : dessins, aquarelles, huiles.

En 1985, sur les conseils de Stéphane Löber, elle fonde avec ses enfants l’Association Lucien Fontanarosa.

Elle décède en 1988. Elle a soutenu ses proches avec une tendresse sans limites et donné au monde plus de mille œuvres d’une poésie subtile, d’une lumière incomparable : œuvres puissantes, d’un métier accompli, comme le fut sa vie.